« Une vraie alliance de ceux qui aiment la France… » Nicolas Dupont-Aignan reçoit le soutien de Florian Philippot
L’un porte une cravate rouge, l’autre une bleue. « Tu te mets à gauche ou à droite ? Plutôt à gauche, non ? » Nicolas Dupont-Aignan a le sourire. Dans cette campagne présidentielle compliquée, où il semble plus isolé que jamais, voilà enfin venir un allié : Florian Philippot, le président des Patriotes et ancien bras droit de Marine Le Pen. Ce ralliement n’est « pas seulement un soutien pour quelques semaines, c’est une vraie alliance des patriotes, des souverainistes, des gaullistes, de ceux qui aiment la France », se réjouit le candidat de Debout La France, ce lundi après-midi, lors d’une conférence de presse à son QG. Avec ce renfort, le député de l’Essonne espère faire frémir les sondages, dans lesquels il stagne depuis des mois à environ 2 % – bien moins que les 3,56 de 2017.
Un soutien à Dupont-Aignan à rebours du choix des militants
« Je me fiche des sondages, je pense qu’une dynamique va s’installer », souffle Florian Philippot, devenu une figure des manifestations contre le pass sanitaire depuis de longs mois. Sous l’œil des photographes, les deux hommes prennent la plume pour sceller officiellement un accord en vue des prochaines législatives et un « enrichissement » du programme présidentiel de Nicolas Dupont-Aignan, avec notamment un référendum sur la sortie de la France de l’Union européenne, « l’interdiction constitutionnelle du confinement » ou « la sanctuarisation de l’argent liquide ». « C’est très cohérent avec notre projet, nous sommes des souverainistes, des défenseurs acharnés de la liberté », justifie au micro l’ancien numéro 2 du Front national, qui n’a pu se présenter au scrutin, n’ayant reçu qu’un seul parrainage.
Reste que ce choix pourrait surprendre les adhérents de son propre mouvement. Car ces derniers, dans une consultation interne fin février, avaient privilégié un soutien… à Eric Zemmour, à 40,46 %, devant Nicolas Dupont-Aignan, à 28,65 %. « J’avais un mandat de négociation, mais il fallait qu’on puisse apporter quelque chose. On a discuté aimablement avec l’équipe d’Eric Zemmour, mais aucune condition n’a pu être remplie », justifie comme il peut le président des Patriotes, assurant que l’accord du jour serait quand même validé par les siens.
Unis contre la politique sanitaire et Emmanuel Macron
Pendant une heure, Nicolas Dupont-Aignan et Florian Philippot égrènent leurs points communs et, surtout, cette opposition frontale à la politique sanitaire du gouvernement. « Je n’aurais pas été candidat s’il n’y avait eu cette insoutenable atteinte à nos libertés pendant le Covid-19 », s’agace le candidat Debout la France. « Cette suspension du pass vaccinal [entrée en vigueur ce lundi] est un faux recul du gouvernement car il le maintient dans les hôpitaux, et il ne supprime pas l’état d’urgence [sanitaire]. En réalité, il allonge simplement la laisse au cou des Français », ajoute-t-il, en ciblant Emmanuel Macron.
« C’est le candidat de la disparition de notre pays. Il représente tout ce que nous détestons. Je suis convaincu que les dix prochaines années verront le combat pour l’indépendance de la France », lance le candidat souverainiste, fustigeant le « grand saut fédéral et européiste » du chef de l’Etat. Mais sur la question européenne, les deux alliés ne semblent pas exactement sur la même ligne. « Je suis le candidat du référendum sur la sortie de l’UE, je n’ai pas changé mon projet de négociation d’un nouveau traité. Mais je n’ai jamais parlé de Frexit car je pense qu’il faut le remplacer par quelque chose », assure l’ancien maire d’Yerres (Essonne). « Nous, on porte le Frexit, mais c’est lui, le candidat. On soutient le projet le plus proche, par pragmatisme. Il y a moins de différence entre nous qu’entre Pécresse et Ciotti », esquive de son côté Florian Philippot, qui avait quitté le Front national en 2017 lorsqu’il avait repoussé, puis écarté de son programme la sortie de l’euro.
Pas de rôle précis pour Florian Philippot
Pendant la conférence de presse, les deux hommes ne semblent d’ailleurs pas toujours très à l’aise. Interrogé sur les déclarations controversées de Florian Philippot sur la guerre en Ukraine ou sa volonté de « dissoudre » l’Otan, Nicolas Dupont-Aignan préfère botter en touche : « Je n’ai pas à commenter ses déclarations. C’est moi, le candidat, il me soutient. On peut avoir des différences d’appréciation ou de parole. » Le député de l’Essonne assure au passage n’avoir pas scellé d’accord financier entre les deux partis, ni attribuer de rôle précis à son nouvel allié. « Je n’aime pas les organigrammes. Il reste trois semaines et demie, on va foncer, pas besoin de chefs à plumes », dit celui qui a vu de nombre de ses proches rejoindre Marine Le Pen.
En cas de victoire, fera-t-il quand même du président des Patriotes son Premier ministre ? « Ne brûlez pas les étapes, je vois d’ailleurs que cette question est ironique », réplique Dupont-Aignan. Les journalistes et le candidat à l’Elysée sourient. Un peu gêné, Florian Philipot ajoute, d’une petite voix : « Ça ne devrait pas l’être… »
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