Pourquoi Auchan, Décathlon et Leroy Merlin restent-ils ouverts en Russie ?

Envers et contre tous ? Cela fait à présent une vingtaine de jours que la Russie a commencé à envahir l’Ukraine. Depuis, l’Europe et une grande partie de la communauté internationale ont mis en place des sanctions, essentiellement économiques, pour tenter d’affaiblir le régime de Vladimir Poutine. Parallèlement à cela, de nombreuses entreprises ont décidé de leur propre chef de boycotter la Russie en y cessant toute activité. Mais ce n’est pas le cas de plusieurs enseignes appartenant à la famille Mulliez, dont Auchan.
Lundi, plusieurs militants écologistes s’étaient rendus devant le siège social d’Auchan, à Croix, près de Lille, dans le Nord. Ces derniers entendaient demander des comptes à la famille Mulliez qui a refusé jusqu’à présent de cesser ses activités en Russie. « Rien ne vous choque ? Au siège social du groupe Auchan, le drapeau russe flotte comme si de rien n’était », s’est indignée Marine Tondelier, conseillère régionale EELV dans les Hauts-de-France.
Des centaines de magasins et des milliers d’employés
Et sur les réseaux sociaux, les enseignes Auchan, Décathlon et Leroy Merlin, dont les magasins sont toujours ouverts en Russie, en prennent pour leur grade dans toutes les langues. Sans compter les multiples détournements de leurs logos respectifs accusant ces entreprises de collaborer avec Moscou.
Pour le « groupe » Mulliez, le marché russe n’est pas anecdotique dans la part qu’il représente en termes de chiffres d’affaires. Auchan y emploie 30.000 collaborateurs dans 231 magasins pour un chiffre d’affaires de 3,1 milliards d’euros sur un total de 30 milliards au niveau mondial. Les deux autres enseignes y sont implantées dans une moindre mesure avec une soixantaine de magasins pour Décathlon et une centaine pour Leroy Merlin. Néanmoins, pour le spécialiste du bricolage, le chiffre d’affaires qu’il dégage en Russie, 5 milliards d’euros, représente plus de 18 % de son chiffre d’affaires global.
Contactés par 20 Minutes, Décathlon et Leroy Merlin n’ont pas donné suite. Du côté d’Auchan retail, on s’est fendu d’un laconique « nous n’avons aucun commentaire à faire » avant d’ajouter que l’enseigne comptait aussi 6.000 employés en Ukraine où 41 magasins sur 43 étaient toujours ouverts. Une position qui pourrait coûter cher, au moins en termes d’images, à ces marques alors que la décision de la famille Mulliez n’est peut-être pas uniquement mercantile. A l’AFP, un syndicaliste présent à la manifestation des écologistes expliquait qu’Auchan ne souhaitait pas fermer ses magasins en Russie « afin de continuer à verser les salaires et fournir de l’alimentation ». Interrogé sur ces deux points, Auchan retail a mystérieusement déclaré que cette « analyse est très intéressante à lire ».