Plus de 300 Ukrainiens sont arrivés à Lille depuis le début du conflit

Après une vingtaine de jours de conflit entre la Russie et l’Ukraine, ce sont près de 3 millions d’Ukrainiens qui ont fui leur pays vers la Pologne, la Roumanie ou encore la Hongrie. Un flot d’exilés de guerre qui ne tarit pas, à tel point que les capacités d’hébergement des pays limitrophes de l’Ukraine arrivent à saturation. Le président de la République, Emmanuel Macron, a assuré que la France « prendrait sa part » de réfugiés. Une part chiffrée à 100.000 personnes par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. A ce jour, le gouvernement estime à 15.000 le nombre d’Ukrainiens arrivés sur le territoire national, dont près de 400 à Lille, dans le Nord.
Si beaucoup de déplacés ukrainiens n’ont fait que traverser la région pour se rendre à Calais, afin d’embarquer pour la Grande Bretagne, d’autres seront hébergés dans les Hauts-de-France le temps que durera la guerre. A Lille, les équipes municipales savent gérer ce genre de situation d’urgence, comme ce fut le cas lorsque la ville a accueilli des Afghans fuyant les talibans, en août dernier.
Environ 400 réfugiés ukrainiens à Lille d’ici à vendredi
Dès le 28 février, les premiers réfugiés ukrainiens sont arrivés à Lille par leurs propres moyens. La venue des suivants a été davantage organisée, grâce à des sociétés de transport qui ont affrété des bus pour aller à Wroclaw, en Pologne, et à Bucarest, en Roumanie, afin d’aller y chercher les Ukrainiens volontaires pour venir à Lille. « Nous accueillons actuellement 316 Ukrainiens, sans compter ceux qui doivent arriver d’ici à vendredi. En fin de semaine, ils seront environ 400 », détaille Martine Aubry, la maire (PS) de Lille.
Ces exilés de guerre viennent d’un peu partout en Ukraine. Notamment de Kharkiv, ville jumelée avec Lille, mais aussi de Kiev et même de Lviv, une ville plus à l’ouest dans le pays, proche de la Pologne et encore relativement épargnée. « Nous avons essentiellement des femmes, dont beaucoup avec des enfants, mais aussi quelques hommes, des couples », poursuit l’élue. Comme 20 Minutes avait pu le constater dans le centre de transit de Przemysl, à la frontière ukraino-polonaise, la maire de Lille parle de personnes « épuisées », de « milieux moins favorisés ». « Certaines femmes de Kharkiv qui sont arrivées ici n’avaient plus de nouvelles de leurs proches depuis plusieurs jours et craquaient complètement », déplore Martine Aubry.
Plus de 5.000 places proposées par des familles lilloises
Un peu à l’image de ce que la Pologne a fait dans les centres de transit, la mairie de Lille a aménagé un gymnase, à Fives, pour y accueillir les réfugiés. Un coin repos avec des lits de camp, un coin vestiaire, un coin pour manger, un espace pour les enfants et de petits bureaux cloisonnés pour y effectuer les démarches administratives pour les dossiers de protection temporaire. Et comme en Pologne, l’idée est de réduire le séjour des Ukrainiens dans cet endroit au maximum. « Ils y restent quelques heures, juste le temps de les diriger vers des familles d’accueil », assure Sébastien Duhem, adjoint en charge de la participation citoyenne. Seuls 23 exilés, les plus fragiles, demeurent hébergés dans ce centre.
Côté familles d’accueil, la ville a dénombré 5.000 places d’hébergement disponibles auprès de Lillois volontaires. A ce jour, 60 familles ont été sollicitées dans les communes de Lille, Lomme, Hellemmes, Marcq-en-Barœul ou Lambersart. A cela s’ajoutent 250 places recensées dans des structures municipales. La ville a encore de la marge, mais Martine Aubry reste prudente : « Poutine est un provocateur, on ne sait pas comment la situation va évoluer », reconnaît la socialiste.
Quoi qu’il en soit, les Ukrainiens accueillis à Lille sont en sécurité. Les enfants commencent à être scolarisés, des cours de français vont être rapidement mis en place, et les démarches pour obtenir la protection temporaire semblent sur de bons rails. « La grande majorité de ces personnes espèrent retourner rapidement dans leur pays. Mais en attendant, deux choses leur importent : que les enfants aillent à l’école et qu’ils puissent travailler », affirme la maire de Lille.