Nice est-elle devenue un « décor de la campagne d’Emmanuel Macron » avec la multiplication des visites ministérielles ?
Ce mardi matin, Jean-Baptiste Djebbari est venu passer deux heures à Nice. Le ministre était notamment là pour signer « la convention de partenariat relative à la sécurité dans les transports en compagnie de Monsieur Christian Estrosi », indique la note envoyée à la presse pour prévenir de cette nouvelle visite ministérielle.
Des déplacements qui se multiplient ces dernières semaines dans la capitale azuréenne, où le maire ne fait pas mystère de son soutien à la réélection d’Emmanuel Macron. Et certains s’en émeuvent dans l’opposition de l’édile niçois, mais aussi ailleurs dans le département des Alpes-Maritimes. Voyant là une tribune offerte au président sortant.
Des « caravanes ministérielles de propagande gouvernementale préélectorale »
C’est d’ailleurs la ville de Cannes s’en est étonnée la première. Le 22 février, après trois visites successives, du ministre de la Santé, de la ministre de la Ville et du secrétaire d’État chargé de la Transition numérique, venus accompagner ou présenter certaines initiatives, la municipalité du LR David Lisnard, président de l’association des maires de France, s’était fendue d’un communiqué. Elle y raillait ces « caravanes ministérielles de propagande gouvernementale préélectorale ».
Depuis, Marc Fesneau, le ministre des Relations avec le Parlement et de la Participation citoyenne, le lundi 28 février, la ministre déléguée chargée du Logement, le 7 mars, et le ministre délégué chargé des Transports, ce mardi donc, ont aussi fait le déplacement. Pas moins de six déplacements en moins d’un mois.
Mais en plus de leur nombre, c’est donc surtout leur même point de chute, Nice, qui trouble la mairie cannoise. « Force est de constater que l’Ouest maralpin est systématiquement le grand oublié des débarquements gouvernementaux et ministériels », soulevait le texte validé par David Lisnard. Rappelant au passage que les visites en question suivaient « celle du président Emmanuel Macron, lundi 10 janvier 2022, venu inaugurer le chantier du futur hôtel des polices et tenter de défendre son bilan sécuritaire ». Un déplacement que le député Eric Ciotti avait boycotté.
Nice obtient « le soutien de l’Etat en raison des expérimentations qu’elle génère »
La mairie niçoise, elle, défend son statut de cinquième ville de France et attaque en réponse par la voix de son premier adjoint. « J’espère que chacun se réjouit que Nice innove et que Nice obtienne le soutien de l’Etat en raison des expérimentations qu’elle génère. Le président des Maires de France devrait s’en réjouir, tance Anthony Borré, sollicité par 20 Minutes. Je sais pouvoir compter sur [lui] pour défendre la liberté des communes et la non-ingérence des autres collectivités de la gestion communale. »
L’élu, qui explique pour sa part se « réjouir quand les maires du département reçoivent des ministres », assure que le maire de Nice « a toujours cherché à rassembler et à ne pas diviser le département dont la ville de Nice est la ville centre entre ouest et est ».
Le rythme de « ce safari-photo des ministres macronistes » s’accélère « clairement »
Sauf que, si « ce safari-photo des ministres macronistes à Nice dure depuis déjà de nombreux mois, le rythme s’accélère clairement » à l’approche des élections, selon Philippe Vardon. Et cela ne serait pas anodin, dixit le chef de file du Rassemblement national au conseil municipal.
« En réalité, alors qu’il passe les séances du conseil municipal à expliquer qu’il a pris de la hauteur et ne fait plus de politique politicienne, c’est tout l’inverse. Christian Estrosi se sert de notre ville pour en faire le décor de la campagne d’Emmanuel Macron. Et il sature tout l’espace médiatique à travers ces visites presque quotidiennes », attaque encore l’élu auprès de 20 Minutes.
« Un ministre qui vient, c’est toujours l’occasion de faire de la com’ pour le roi de la com’ » Christian Estrosi, comme le surnomme aussi l’élu écologiste Juliette Chesnel-Leroux. Elle aussi attaque. Selon elle, le maire de Nice est de toute façon « l’un des seuls élus chez qui Macron peut envoyer des ministres ». Qui pourraient être encore présents dans la capitale azuréenne, qui accueillera le 23 mars un grand meeting de soutien au président sortant.