Mais est-ce que c’est grave docteur de « banaliser » l’épidémie ?
On le croyait derrière nous, mais visiblement non. La cinquième vague de Covid-19 est en effet à la hausse depuis quelques jours avec 116.000 nouveaux cas en vingt-quatre heures contre 80.000 il y a deux semaines. Ce vendredi, le sacro-saint Conseil scientifique s’est même réuni et a tiré la sonnette d’alarme : « L’épidémie n’est pas terminée ! ». Pointant du doigt la « banalisation » de cette dernière, le conseil regrette que le coronavirus soit passé « au second plan ».
Dans un contexte de conflit international, laissant présager une Troisième Guerre mondiale [pour les plus pessimistes], il est « évident que le Covid-19 passe en second plan », tranche Catherine Grangeard, psychanalyste, psychosociologue et autrice. « D’une part, le risque de mort est bien plus imminent et, d’autre part, nous ne sommes pas vraiment capables de gérer plusieurs angoisses en même temps », diagnostique la psychanalyste.
Une « habituation » plus qu’une « banalisation »
Pour Clémence Marois, neurologue et réanimatrice médicale à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, le terme utilisé par le conseil scientifique est à nuancer : « je ne parlerais pas de « banalisation » mais plutôt d' »habituation », ce sont deux choses différentes. » « Banaliser sous-entend que le problème est moins grave, s’habituer revient plutôt, à mon sens, à prendre des bonnes habitudes face à ce virus », précise-t-elle. Et ces habitudes, selon Clémence Marois, doivent d’abord être assimilées sur le plan individuel : « Chacun, en conscience, doit protéger les plus fragiles. C’est à chaque individu de décider s’il porte son masque ou non en présence de personnes immunodéprimées, âgées ou encore non vaccinées. »
Pour notre psychosociologue, Catherine Grangeard, si « banaliser » signifie « sortir de la peur », alors banalisons ! « Depuis mars 2020, on a oublié tout le reste. Il n’y a plus que le Covid-19. Il était temps de sortir de l’obsession et de la crainte permanente, explique-t-elle. Banaliser le Covid-19, c’est aussi le remettre à sa juste place. Un danger oui, mais pas l’unique. Une actualité oui, mais pas l’unique non plus. »
« Il faut rester vigilant »
Et c’est sûrement pour ne pas replonger les Français dans l’angoisse qu’Olivier Veran, est resté rassurant, tout en n’excluant pas un nouveau pic épidémique. Au micro de France Info ce mercredi matin, le ministre de la Santé a affirmé que le pic ne devrait, cette fois, pas dépasser 120.000 à 150.000 contaminations par jour avant d’entamer une décroissance.
« Il existe encore aujourd’hui des cas graves de Covid-19 et en particulier chez les sujets fragiles. C’est pour cela qu’il faut rester vigilant », affirme notre neurologue Clémence Marois. « Alors bien sûr il ne faut pas banaliser ce virus mais il faut réussir à l’appréhender afin qu’il devienne un virus comme un autre. Au même titre que la grippe, par exemple », conclut-elle. Alors ne banalisons pas, mais vivons. Ordre des médecins.