Le point sur la situation à Marioupol, assiégée par l’armée russe depuis deux semaines


Les yeux du monde entier sont rivés sur cette grande ville portuaire et industrielle au sud du Donetsk. Rapidement après le début du conflit, Marioupol est devenue le symbole de la guerre en Ukraine. Hautement prisée par les forces russes qui l’assiègent depuis dix jours, la ville a déjà perdu plus de 2.000 civils, selon la municipalité. Pourquoi cette cité portuaire de moins de 500.000 habitants est-elle si importante pour Vladimir Poutine ? Pourquoi les bombardements dont elle a fait l’objet sont-ils si emblématiques dans le conflit qui oppose l’Ukraine à la Russie ? 20 Minutes fait le point sur la situation à Marioupol.

Une ville particulièrement stratégique

Dès janvier, une offensive, menée sur Marioupol par les prorusses, avait causé la mort d’une trentaine de personnes. En effet, très tôt, bien avant le début de l’offensive Russe, la ville de Marioupol s’est imposée comme un véritable enjeu stratégique des séparatistes prorusses. La raison ? Dans le bassin du Donbass, Marioupol était la dernière grande métropole encore entre les mains de Kiev. Située à environ 55 kilomètres de la frontière russe et à 85 kilomètres du fief séparatiste de Donetsk, Marioupol est la plus grande ville encore aux mains de Kiev dans le bassin du Donbass qui comprend les régions de Donetsk et de Lougansk.

Carte montrant la ville de Marioupol, que les forces russes encerclaient le 5 mars.
Carte montrant la ville de Marioupol, que les forces russes encerclaient le 5 mars. – SIMON MALFATTO, JEAN-MICHEL CORNU

La prise par Moscou de cette ville portuaire, peuplée avant la guerre de 450.000 habitants et située au bord de la mer d’Azov, a été un important tournant dans l’invasion de l’Ukraine. Elle a permis de faire la jonction entre les forces russes venues de la Crimée annexée, qui avaient déjà pris les ports de Berdiansk et Kherson, et les troupes séparatistes dans le Donbass.

Un bombardement symbolique

Le 10 mars dernier, la guerre en Ukraine a franchi un nouveau palier dans l’échelle de l’horreur. Trois personnes, dont un enfant, ont été tuées dans le bombardement russe de l’hôpital pédiatrique de Marioupol. Cette attaque a provoqué l’indignation des autorités ukrainiennes et occidentales. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a condamné un « crime de guerre », a partagé des vidéos montrant la destruction – après un raid aérien – de l’établissement. On peut voir l’intérieur des bâtiments soufflés, des débris, des feuilles de papier et des morceaux de verre jonchant le sol. Le bombardement s’est produit alors que des femmes étaient en train d’accoucher dans l’hôpital, qui venait d’être rééquipé. C’est dans un contexte que va être diffusée l’une des images les plus marquantes depuis le début de la guerre en Ukraine : une femme enceinte évacuée de l’hôpital pédiatrique de Marioupol, après avoir été grièvement blessée lors du bombardement de l’établissement par la Russie.

La femme présente sur la photo est décédée, selon l'agence AP.
La femme présente sur la photo est décédée, selon l’agence AP. – Evgeniy Maloletka/AP/SIPA

Selon l’agence Associated Press, la victime et son bébé, né par césarienne, n’ont pas survécu. « Plus de trente minutes de réanimation n’ont donné aucun résultat pour la mère et l’enfant », a déclaré le docteur Timur Marin à l’agence de presse.

La naissance d’une ville martyre

Ce mercredi, la société de technologie spatiale américaine Maxar a publié plusieurs vidéos sous forme de GIF montrant l’ampleur des dégâts. Des photos satellites montrent Marioupol avant et après les attaques russes. La première publication montre les dégâts causés à des épiceries et des centres commerciaux dans la partie ouest de la ville. Une fumée noire indique que les bâtiments continuent de brûler.

Après neuf jours de siège russe, le bilan provisoire de la mairie fait état de 1.207 morts ce mercredi. « Nous ne pardonnerons jamais », a déclaré le maire de la ville sur Telegram. La violence des attaques mais aussi la symbolique des lieux et des populations touchées fait de Marioupol un symbole de la détermination russe et de l’horreur vécue par les civils ukrainiens.

L’espoir d’une sortie de crise ?

L’espoir renaît à Marioupol. Malgré l’horreur, quelque 20.000 personnes ont pu quitter ce mardi la grande ville portuaire du sud-est de l’Ukraine.  « Aujourd’hui, environ 20.000 personnes ont quitté Marioupol » à bord de 4.000 voitures, a confirmé dans un communiqué l’adjoint au chef de l’administration présidentielle ukrainienne, Kyrylo Timochenko. Au total, environ 29.000 personnes ont été évacuées de plusieurs villes assiégées à travers le pays dans la seule journée de mardi, selon la même source.



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