Comment Lyon a-t-il pu signer un match aussi « catastrophique » après son succès à Porto ?
Au Parc OL,
Après l’enchaînement des succès à Lorient (1-4) et surtout à Porto (0-1), on s’était presque mis à oublier à quel point l’OL était une équipe imprévisible, voire illisible. Lancés sur la meilleure dynamique de leur saison, et revanchards après la claque subie à l’aller en Bretagne (4-1), les Lyonnais allaient forcément livrer un gros match ce dimanche contre le Stade Rennais, un concurrent direct dans la course à l’Europe. Bilan : un saignant et surréaliste 0-4 à la 49e minute de jeu après un pétard, comme un symbole, de Martin Terrier, si discret durant ses deux saisons à l’OL.
« J’étais très confiant avant ce match car j’avais vu mon équipe grandir après la trêve, résume Peter Bosz. On avait juste manqué notre première période à Monaco. Mais là, on a complètement raté notre début de match. » C’est peu dire tant son groupe s’est retrouvé pris à la gorge, fébrile dans chaque relance et logiquement puni par des buts de Benjamin Bourigeaud (0-1, 11e) et Baptiste Santamaria (0-2, 13e).
« Ce n’est pas le Antho qu’on connaît cette saison »
« L’entame de match a été catastrophique, poursuit Jeff Reine-Adélaïde, seul joueur ayant accepté de s’arrêter devant les journalistes après ce fiasco. On voulait bien faire, commencer très fort après Porto, mais les Rennais ont su nous surprendre. Ils avaient le ballon d’entrée et ils nous ont laissés dans notre camp. Nos passes n’arrivaient pas alors qu’on a vraiment des joueurs de qualité. Des fois, rien ne s’explique, il va falloir analyser ce match et passer très vite à autre chose. »
On vous déroule la suite de l’après-midi cauchemar de l’OL sous la pluie : le but contre son camp de la saison évité in extremis par Anthony Lopes sur un ballon anodin (41e), puis une nouvelle boulette de sa part avec une relance manquée pour Lukeba, cette fois sanctionnée par Lovro Majer (0-3, 45e+1). « Ce n’est pas le Antho qu’on connaît cette saison, et ce but juste avant la mi-temps nous a fait beaucoup de mal, constate Peter Bosz. On a essayé de changer l’équipe à la pause en prenant beaucoup de risques, avec un seul défenseur central dans notre défense à trois. On voulait vite marquer un but et peut-être rentrer dans le match. Mais malheureusement, c’est le contraire qui s’est passé. »
Une équipe « courageuse » en seconde période, vraiment ?
Autant aligner un 4-2-3-1 avec son équipe type, qui venait de l’emporter avec beaucoup de caractère à Porto mercredi, semblait incontestable avant la rencontre. Autant ses changements Playstation à la mi-temps (Gusto pour Dubois, Kadewere pour Mendes) auraient pu déboucher sur la plus grosse claque de l’histoire au Parc OL. Imaginez un 3-5-2 avec comme centraux autour de l’inamovible Lukeba les habituels offensifs latéraux-pistons Gusto et Emerson. Et tant qu’à faire un joli tandem de pistons Romain Faivre-Karl Toko Ekambi. Le tout donc pour faire rentrer en pointe Tino Kadewere, auteur d’une saison fantomatique (1 but inscrit).
Perdu à ce poste où il s’est retrouvé pour la première (et sans doute dernière) fois de sa jeune carrière, au sein d’une équipe en pleine déroute, Malo Gusto a d’emblée été mystifié par Martin Terrier (0-4, 49e). Et si Peter Bosz, qui est revenu à une défense à 4 en faisant rentrer Damien Da Silva (78e), a ensuite vu son équipe être « courageuse », c’est bien le Stade Rennais qui a offert à Lyon ses deux buts quasi anecdotiques dans la dernière demi-heure. Un contre son camp évitable d’Hamari Traoré sur une tête non cadrée de Karl Toko Ekambi (1-4, 59e et un penalty de Dembélé après une sortie hors-sujet d’Alfred Mendy (2-4, 82e), ont en effet atténué le naufrage lyonnais.
Entre « frustration, colère et déception »
Mais entre la fin des encouragements du virage nord en seconde période et le départ de beaucoup de supporteurs avant le coup de sifflet final, le coup d’arrêt a aussi été brutal dans les tribunes. « On a un sentiment de frustration, de colère, de déception », a ainsi énuméré Jeff Reine-Adélaïde. Quant à Peter Bosz, il est persuadé que cette défaite ne vient pas de l’approche de cette rencontre, entre les deux chocs de Ligue Europa.
Ce n’est pas une question de concentration, ou d’importance de ce match mal perçue par les joueurs. Tout le monde savait que c’était un match très important. Non, mais on a vraiment raté notre début de match. On voulait les presser et être agressifs, mais ce sont les Rennaiss qui nous ont pressés. Sur les ballons longs, on a perdu les duels, on ne couvrait pas bien, on ne coulissait pas bien, et tous les deuxièmes ballons étaient pour Rennes. Nos occases étaient rares, on a perdu et c’était bien sûr mérité. »
9 points de retard sur le podium à 10 journées de la fin
Une telle claque acte-t-elle définitivement l’échec de l’objectif podium, qui se trouve désormais à 9 points ? « Ce n’est pas fini, ce n’est pas ma mentalité d’abandonner », assure Peter Bosz, non sans garder sa bonne humeur, en s’entraînant à employer le mot « mathématiquement ».
« Il ne faudra pas se louper contre Porto et à Reims, insiste Jeff Reine-Adélaïde. On ne peut pas se dire que c’est terminé à 11 matchs de la fin, sinon autant partir en vacances tout de suite. » A 11 peut-être pas, mais il n’en reste vraiment plus que 10, et après une telle claque, on voit mal cet OL irrégulier chronique (avec +2 de goal-average) dépasser 7 adversaires directs en deux mois. Les effets de surprise peuvent-ils encore fonctionner dans l’autre sens à Lyon ?
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