« Chaque jour, notre culture devient de plus en plus forte », explique la violoniste Vera Lytovchenko


Au moment où elle donne l’interview, Vera Lytovchenko est inquiète. Elle peut entendre les bombardements au-dessus de Kharkiv. « Il y a quelques heures, ils n’étaient vraiment pas très loin de là où je suis », dit-elle la gorge nouée. Et pourtant elle garde espoir pour son pays, espoir qu’elle cultive à grands coups d’archet.

La résistance par la musique

Il y a plus de deux semaines, alors qu’elle se réfugiait dans le sous-sol de son immeuble, Vera a décidé de jouer du violon pour son père et ses voisins présents dans l’abri. Et puis elle a pensé à ses amis, dans d’autres villes, et a décidé de poster ses vidéos sur sa chaîne Youtube. Mais en réalité, ce sont des milliers de personnes qui ont pu profiter de sa musique.

« Beaucoup d’Ukrainiens ont vu mes vidéos » avoue-t-elle, surprise. Elle reçoit des messages de remerciements par centaines. Elle ajoute : « Quand ils me voient jouer ici, dans cette cave, ils se sentent moins seuls. Et puis ils peuvent sentir ma détermination et ma force, et je crois que ça les inspire. »

Des vidéos qui ont fait le tour du monde

Mais ses interprétations de Vivaldi ou de Tchaïkovski, qui résonnent sur les murs bruts de cette cave sombre ont ému bien au-delà de l’Ukraine. Elle reçoit chaque jour des messages d’étrangers, qui lui demandent comment aider les civils menacés.

« J’aimerais utiliser ma notoriété pour récolter des fonds. Je voudrais que cet argent serve à reconstruire les maisons de mes amis, et à payer de nouveaux instruments aux musiciens qui les ont perdus dans cette guerre. Mais pour l’instant, c’est impossible de parler de reconstruction. Nous pouvons simplement penser au futur, en espérant qu’il soit tout simplement normal. »

« Chaque jour, notre culture devient de plus en plus forte »

Dimanche, sur les réseaux sociaux, elle a vu l’orchestre d’Odessa donner un concert dans les rues par 0 °C. « Ils jouaient pour les gens, pour l’espoir et surtout, pour être entendus ». Elle est certaine que la culture ukrainienne se renforce : « Je reçois des messages de personnes qui veulent entendre plus de musique ukrainienne. La guerre, j’en suis sûre, nous a rendus plus fiers et solidaires. Chaque jour, notre culture devient de plus en plus forte. »

D’un ton grave elle ajoute : « C’est très difficile de ne pas penser à la guerre. ». Elle sait que la musique ne peut pas faire oublier sa ville en ruines, mais elle continuera de jouer parce que, dit-elle, « il faut qu’on nous entende ».

 



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